La Force des Choses 18 et 19 novembre 2017

   

 

crédit photos Christine Réfalo

La première rencontre avec le travail de Christine Carotenuto s’est faite lors d’une exposition dans un village dans un temple dans l’Uzège. Je suis tombée nez à bec avec ses femmes oiseaux.

De la sculpture, de la décoration, un totem, une femme, un oiseau ? comme lorsqu’on se retrouve devant le sphinx, le lion ailé à la tête de femme … et son énigme.

Christine fait un bol, une assiette, un vase et une femme oiseau. Sans classer. Sans hiérarchiser. L’utilitaire, le décoratif, le magique, le beau et le pas beau, la technique et le non maîtrisé, tout se mélange, se métamorphose même. L’assiette deviendra posée là une image, le pichet un vase et le vase une sculpture. Et tout pourra changer encore, pas d’état définitif. Du changement. Du mouvement dans la terre. La terre en mouvement. Sans tournage, ni moulage, du tout fait main. Par bandes. Et ça se sent avant même d’avoir pris dans ses propres mains l’un d’entre eux. La surface n’est pas régulière. La céramiste non plus, elle appelle à ce que l’on touche ses pièces. Alors on touche et on touche encore, l’effet talisman. L’objet vit. Et jaillit. Toutes ces couleurs, on n’a presque plus l’habitude. Loin sont le purisme, le minimalisme, la sobriété, l’équilibre, le naturel. Ici c’est le grimage, le maquillage, la facétie, le masque, la mascarade, le bancal, les pirouettes voire la grimace faites à la céramique sacralisée solennelle et silencieuse, celle qui nous élèverait l’âme. Ici ça joue, ça pouffe, ça rit, ça ricane, ça se tape sur le ventre en chantant et en dansant. On est ici-bas. Frénétiquement. Et gaiement. Christine aime que « ça gicle ». Oui la respectabilité se mange en une bouchée. Et la folie nous sauve.

Un jour Christine dans sa boutique à Saint Quentin à accroché au mur une de mes petites toiles à l’huile parmi ses pièces. Elle a pris une photographie de la scène et me l’a envoyée. Je suis tombée à la renverse. Nos boulots se parlaient. ça n’arrive pas tous les jours des rencontres comme ça. Les artistes en sont dingues parce que ça fait parler différemment leur propre travail. On se met à voir autre chose autrement. Donc badabing faisons une expo ensemble. Jouons : le tridimensionnel rencontre le bi, la peinture sur terre et la peinture à terre, les oiseaux migrent. ça devient une installation, une circulation, un pénétrable. Faites le tour. Touchez, sentez, goûtez … Prenez le temps aussi de vous asseoir et de regarder.

Anne-Lise Coste